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Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte


From: Manuel Leclerc
Subject: Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte
Date: Mon, 31 May 2004 22:36:39 +0200

Christophe Espern a écrit :

> http://eucd.info/eucd.fr.php
>
> [ 1. Un contexte économique et social radicalement différent rend
>      l'EUCD obsolète ]

Je crois que c'est le contraire. Plus il y aura de dématérialisation et
plus il y aura de nouveaux utilisateurs de cette dématérialisation,
alors plus la nécessité d'adapter les lois sera pressante. Ton lien
cite Victor HUGO. A mon avis les écrivains ont aujourd'hui compris une
chose : ne commençons surtout PAS à vendre autre chose que des livres
en papier. Note que je n'ai rien contre les livres en papier.
Simplement, la numérisation pourrait être quelque chose d'extraordinaire
pour les livres, et ce n'est pas prêt d'arriver. Demandes-toi pourquoi.

> [ 2. Menace la copie privée ]

Ce qui serait très dommage. Il me semble par exemple que quand on
achète de la musique, on devrait pouvoir se faire ses propres
compilations, en plusieurs exemplaires, écoutables avec des lecteurs
classiques, ou avec des baladeurs miniatures. Je pense qu'un système
de DRM peut prendre ce point en compte. Quand je dis "peut", je pense
"doit", d'un strict point de vue commercial.

> [ 3. Porte atteinte au droit de lire, au droit d'usage ]

A part pour les livres, il faut un dispositif technique pour prendre
connaissance de l'oeuvre, ça ne date pas d'hier et ça n'a jamais
choqué personne, même si certains de ces dispositifs ne sont vendus
qu'à prix d'or quand la technologie est naissante. Ils sont aujourd'hui
vendus à très bas prix dans les grandes surfaces. Il me semble qu'un
pourra parler d'atteinte au droit de lire quand la vente des oeuvres
ou des dispositifs de lectures ne se fera qu'à des individus autorisés.
Et, oui, certains pays connaissent ou ont connus de telles atteintes au
droit de lire. Je ne pense pas que ce danger nous guette, nous.

Concernant DeCSS, il y a plusieurs sujets :

1) la disponibilité d'un lecteur de DVD sous certains OS. Comme je
le disais, la communauté du logiciel libre devrait s'entendre avec
ceux qui fabriquent les DVDs. Je crois que les problèmes financiers
liés à d'éventuels coûts de licences sont secondaires.

2) sur le fond, l'interdiction de distribuer son propre programme
de lecture. C'est extrêmement regrettable, j'en suis bien d'accord.
En fait il n'y a que deux possibilités : soit tu contrôles la copie
à la source, ce qui implique l'interdiction des mesures de
contournements, soit tu traques les échanges. Il me semble que le
contrôle des échanges est une impasse. Reste la source. Ceci dit,
si les échanges de contrefactions pouvaient être significativement
limités, je ne sais pas comment (mais la peur du gendarme pourrait
être efficace), alors la nécessité du contrôle à la source deviendrait
superflue.

> [ 4. Nie le principe des bibliothèques, de l'accès à la culture pour
    tous et du domaine public ]

Faux problèmes, à mon avis. Ce que tu trouves dans une bibliothèque,
c'est la même chose que ce que tu as pu trouvé un jour dans un
magasin, si ça marche dans un cas, je ne vois pas pourquoi ça ne
marcherait pas dans un autre.

> [ 5. Viole la vie privée ]

Je pense que les systèmes de DRM devraient se contenter de
rematérialiser, ni plus, ni moins. Je serais extrêmement réticent
envers un système qui tendrait à lier la copie de l'oeuvre avec le
propriétaire de cette copie, surtout si ce lien devait être
"vérifié" je ne sais quand par je ne sais qui. En gros, je n'aime
pas trop le "flicage", et je ne dois pas être le seul.

> [ 6. Force les ventes liées ]

Oui. Dans la mesure où tu dois avoir un lecteur de CD pour lire un CD.
Evidement.

La question qui est posée est celle des standards et de la concurrence.
Il me semble qu'il serait suicidaire pour les industriels de s'engager
dans la voie de la non inter-opérabilité. Je pense qu'ils le savent,
mais ça n'excluent pas quelques guerres violentes, au début, quand
plusieurs standards cohabitent. Pour ce qui est de la concurrence, j'ai
déjà donné mon point de vue : il n'y en a manifestement pas assez dans
certains domaines. Une solutions des plus classiques s'appliquera peut
être : on attends qu'un standard de fait se dégage, et la concurrence
se fait sur autre chose, mais plus sur le standard. Bien entendu, il
faut que tous les concurrents aient le droit d'utiliser le standard.

> [ 7. Met en danger l'économie ]

:-)

> [ 8. Permet des monopoles sur les formats de fichier ]

Ce paragraphe concerne CSS. Si tu veux éditer un DVD protégé par ce
système, je suppose que tu dois t'adresser au consortium qui a mis
au point ce format. Pareil pour la lecture. Comment font donc les
fabriquants de lecteurs de DVD ? Si tu veux que ton DVD ne soit
_pas_ protégé, tu ne l'utilise pas, et voilà. Pourrais-tu
expliciter la notion de monopoles dans ce contexte ?

> [ 9. Encourage les abus de position dominante ]
> [ 10. Encourage les ententes illicites ]
> [ 11. Empêche une saine concurrence ]

Encore une fois, j'ai bien l'impression qu'une concurrence existe
entre les divers fabriquant de lecteurs de DVD. Ils utilisent tous
le CSS, non ? Il faudrait donner un exemple concret.

> [ 12. Menace l'interopérabilité ] [ Blizzard vs bnetd.org ]

Bravo. Génial. J'ai plusieurs fois lu que les éditeurs de
jeux vidéo devraient essayer de vivre de services autour de
leurs jeux, tout en fournissant le logiciel client comme logiciel
libre, et ce document explique qu'un concurrent doit pouvoir
monter un service "compatible", question d'interopérabilité bien
sûr.

Je comprends mieux maintenant pourquoi la licence de l'option
"Red Hat Network" de la RHEL contient :

https://www.redhat.com/licenses/rhel_us_3.html

<quote>

"Customer may not modify, copy, make derivative works of,
distribute, reverse engineer, decompile or export the RHN Code"

</quote>


> [ 13. Supprime les bénéfices des usages non autorisés ]

Je suggère aux rédacteurs de ce paragraphe de le mettre à jour
avec des chiffres plus récents, y compris ailleurs qu'aux USA, en
y incluant une réflexion sur le cinéma et non pas seulement la
musique, puis de revenir ensuite dire _sans rire_ que les échanges
de contrefactions en P2P sont "générateurs de richesse économique".

> [ 14. Porte atteinte au droit de divulgation des logiciels ]
> [ logiciels hors la loi ]

Ce point m'embête, depuis le début, c'est clair. Comment faire
autrement ?

N'oublions quand même pas que la vraie liberté ce n'est pas "je
peux faire ce que je veux". Je pense que tout abonné à cette liste
voit parfaitement ce que je veux dire.

> [ 15. Contrarie l'harmonisation légale ]

Bof. Peut être.

> http://www.generationmp3.com/forum/index.php?showtopic=2953
>
> Je pense que tu devrais étudier attentivement les conséquences
> économiques et sociales de [...]

:-)

C'est toute la différence au fond. La politique, la vision de la
société. Je pourrais te faire exactement la même remarque : je pense
que _tu_ devrais étudier attentivement les conséquences économiques et
sociales de [...]

> A dire vrai je suis choqué que tu propose de censurer des auteurs au
> nom du droit d'auteur mais je pense que tu ne sais pas vraiment ce
> qu'est un DRM ou une mesure technique de protection. Tu y vois une
> solution acceptable car on te l'a présenté comme ça.

En parlant d'auteur censuré, tu penses aux codeurs d'outils de
contournement ? Si oui, alors oui, j'assume, je propose de les
censurer, effectivement.

> Autrement, rematérialiser un bien immatériel est un concept qui
> me dépasse. L'oralité a transmis des "biens" culturels pendant
> des siècles sans passer par la case support. Le numérique nous
> rappelle justement qu'une oeuvre de l'esprit ne peut être attaché
> à un support, un logiciel ou un périphérique.

Tous ces bits, sans les microprocesseurs aux millions de transistors
fabriqués dans des usines à quelques centaines de millions de dollars
l'unité, tu ne peux même pas les RECEVOIR. Et pour les entendre, même
combat. Alors quand on me parle d'immatériel, je rigole doucement.
En fait on pourra vraiment reparler de tout cela sérieusement QUAND
la transmission de pensée aura été inventé.

Pour moi, la "rematérialisation" c'est simplement revenir à l'époque
du vinyle. Tu as un objet que tu n'as plus si tu le donnes à quelqu'un
d'autre. Que cela est à voir ou non avec l'oralité et les siècles
passés, ça me paraît complètement hors sujet.

> Enfin, un univers fasciste pour moi, et sans doute aussi pour mon
> ami qui je le rappelle n'a traité personne de fasciste,

Mais bien sûr.

> c'est un univers où les éditeurs de livres sont en mesure d'imposer
> que l'on lise leur livre avec des lunettes Afflelou et uniquement
> des lunettes Afflelou et y compris si l'on a pas de problèmes de
> vue ou que l'on veut porter des lentilles.

L'outrance est le pire des arguments. Ce que tu pourrais alors dire
de pertinent, on ne prend même pas le temps de le considérer.

Il faut que tu t'adresses à Red Hat, Suse ou Mandrake. Qu'ils achètent
les licences qui vont bien et livrent leurs distributions avec des softs
de lecture de DVD protégés. Ils ne seront peut être pas sous GPL, mais
je dirais que ça c'est TON problème. Pas le mien. Personnellement, je
regarde les DVD que j'ai acheté ou loués sur une platine de salon de
marque Philips, j'en suis content.

> Pour finir, j'ai également une question :
>
> Pour toi que l'on jette  un type comme Dimitri Skyliarov 6 mois en
> prison parce qu'il a contourné une mesure technique de protection
> pour permettre à des aveugles d'accéder à des livres électroniques
> légalement obtenues, c'est un effet de bord bien pénible ou juste
> un incident regrettable ?

L'entreprise de Dimitri Sklyarov vendait des logiciels de cracking
de mot de passe et c'est très clairement illégal de faire ça aux USA,
depuis le DMCA, en tout cas quand le mot de passe sert à protéger un
copyright. Je pense que la justice américaine, et Adobe, ont été très
maladroits sur ce coup là car il aurait peut être mieux valu s'en
prendre à l'entreprise plutôt qu'à l'employé. Cette histoire a fait
très mauvaise impression, pour le moins, mais est assez logique.

Ce qui est regrettable, c'est qu'un programmeur qui n'avait peut être
pas bien compris le film, ait fait 6 mois de prison. Les effets de bord
pénibles auquels je pense, ce n'est pas qu'il soit légal ou illégal
de distribuer un certain logiciel, c'est que ça complique la vie de
tout le monde.

Pour finir, je trouve, savoureux (bis) qu'on s'élève avec tant de
vigueur contre cette notion de logiciel illégal alors que si je
distribue un binaire-only contenant un bout de je ne sais quelle
librairie GNU sous GPL, je vais recevoir un courrier des avocats
de la FSF. Je le redis : la liberté, ce n'est pas la liberté de
faire ce qu'on veut. Si la société décide qu'il faut interdire
l'utilisation de la fausse monnaie, ou décide qu'il faut interdire
l'expression d'idées X ou Y en public, ou décide qu'il faut
interdire les logiciels qui cassent les protections, c'est au
fond  pareil. C'est le même genre de chose que quand un programmeur
veut que n'importe quelle utilisation de son code soit distribuée
avec les sources. C'est une contrainte qu'il estime nécessaire, juste,
morale. Mais c'est une interdiction et si j'ai bien tout suivi,
cette interdiction EST effectivement suivie de menace de procès
par la FSF. Toutes les lois, où une grande partie d'entre elles en
tout cas, fixent des limites au "je fais ce que je veux", dans
l'intérêt collectif.

--
This type of modern life
Is it for me?
This type of modern life
Is it for free?





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