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Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte


From: cespern
Subject: Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte
Date: Mon, 24 May 2004 22:07:35 +0200
User-agent: Internet Messaging Program (IMP) 3.2.1

Quoting Manuel Leclerc <address@hidden>:

Publi-information : Manif du 29 mai ? http://www.tekool.com/manif29mai/

> Le coût d'une oeuvre est celui de l'exemplaire original.

Parlons des producteurs de cinéma par exemple.

Si quand ils investissent 200 millions, il n'en ramassent que 100 car ils se
voient concurrencés par le public sur la distribution de copies par la faute du
progrès, et bien, ils vont apprendre à investir moins. Et cela ne va pas faire
stopper la rotation de la terre et des films continueront d'être produits et des
place de cinéma achetés. J'en mets mon CD à graver.  Qui a déjà bisouiller dans
une salle obscure partagera sûrement mon avis.  ;) 

Autrement, première idée d'économie : peut-être qu'il faudrait en fait
simplement qu'ils acceptent de voir leur bénéfices diminués et le salaires
mirobolants de certains acteurs et réalisateurs baisser ? 

Ou alors mettre moins d’effets spéciaux et écrire de vrais scénarios ?

> La façon, simple, dont je vois les choses est la suivante : l'immense
> majorité des oeuvres qui existent aujourd'hui existent parce que des
> capitaux ont été investi. Le métier d'éditeur, ou de producteur, est
> comparable à celui d'investisseur en capital risque.

Sauf que le capital risqueur ne se cache pas derrière le droit d'auteur quand il
fait des erreurs d'investissement  ou nie les réalités techniques et sociales.

> Il s'agit de faire
> 10 paris, d'en perdre 9 et d'en gagner 1. Normalement, les gains sur le
> pari gagné sont supérieurs aux pertes sur les paris perdus. Le bilan
> est AUSSI que 10 oeuvres ont été produites. Oui, je sais, je résume.

Indépendamment de ce que je viens de dire précédemment, tu oublies un mot dans
ta démonstration arithmétique :

CULTURE !

Franchement, quel est le prix de la culture ?  Tiens, quel est le prix dÂ’une
seconde du dernier Némo par exemple ? Le montant investi divisé par la durée du
film en secondes ? Et au delà de la valeur économique, à quel prix peut-on
empêcher que 10 secondes de Némo ne soient copiés et retouchés sur un ordinateur
? Mises à dispo sur un réseau ? Echangées par mail ? 

Au prix du droit au respect de la vie privée ? De la liberté de créer des
auteurs de logiciels libres ? De la libre concurrence sur le marché de l'édition
logicielle  ? Du libre usage privé ? Ou alors au prix de l'exception culturelle 
? 

Doit-on, pour sauver la culture, laisser quatre majors du disque et l'industrie
hollywoodienne s'entendre avec Microsoft pour contrôler le public, histoire que,
à terme, soit encore plus uniformisé d'une part la production culturelle,
d'autre par le parc logiciel ?

Dis moi à quel prix il faut sauver les cartels et les monopoles industriels au
nom du droit d'auteur ?

> En ce qui concerne la solution au problème, ça m'embête un peu
> de devoir en arriver là, mais je n'arrive pour l'instant pas
> à imaginer autre chose que la solution "évidente" : la
> rematérialisation (aka DRM). 

Comme l'as très bien dis un ami activiste à un des directeurs d’un gros
distributeur de musique en ligne :

Mon ami (calme) : Vous cherchez à démontrer que l'on peut de gagner de l'argent
dans un univers de fascistes.

Le directeur (faussement indigné) : Mais vous me traitez de fasciste !

Mon ami (toujours aussi calme) : Mais non. Je dis simplement vous cherchez à
démontrer que l'on peut de gagner de l'argent dans un univers de fascistes. 

> Le problème, c'est les effets de
> bords, bien pénibles.

Ah, les effets de bord bien pénibles des DRM ...

Les DRM, ou plutôt les MTP, c'est liberticide dans n'importe quel sens où tu les
prennes.  Une MTP, c'est la dictature logicielle protégée par la loi. 

Franchement, le jour où un type t'annonce que désormais ton PC n'est plus un
ordinateur personnel mais une télé louée à l'année, contrôlable à distance par
un tiers à qui tu dois maintenant faire confiance, et que oui on t'espionne, et
que oui tu ne peux plus plus installer de lecteurs multimédias dessus sans
autorisation, et que oui, les auteurs de logiciels ne peuvent plus créer de
lecteurs multimédias,  et que c'est comme ça et pas autrement sinon c'est la
prison, que diras tu ? Ah, les effets de bords bien pénibles des DRM ? 

> D'où mon énervement quand je lis la
> prose des jusqu'au-boutistes, qui à mon avis :
> - soit ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez, justement
> - soit ont parfaitement compris, mais souhaitent vraiment une
>   sorte de révolution dans le domaine.

> Les premiers devraient, entre autre, comprendre qu'ils vont
> provoquer une réaction violente, 

Comme ça ?

http://www.tekool.com/manif29mai/pascal.png

Sur une idée du ministère de la culture (qui au passage à remplacer ce visuel le
jour même par un autre avec une tête de mort. Le visuel était en plein de milieu
de la page dÂ’accueil ... ) :

http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/dossiers-presse/piraterie/pirate.jpg

Quand l'Etat assimile des types qui gravent ou téléchargent à des mafieux ou de
terroristes, on se demande si l'on est pas déjà en face de réaction violente.

Autrement, à propos du doigt du SNEP et du pipeau sur la diversité culturelle
qui nous est resservi à longueur de temps :

http://www.tekool.com/manif29mai/golum.pdf

> et qu'ils vont donc
> aggraver les effets de bords néfastes.

Comme ceux qui prétendent que réintroduire de la rareté dans une économie
d'abondance est une solution. 

> il faut _arrêter_ de croire que toute personne qui
> voit dans le piratage par P2P un vrai problème, n'est qu'un
> suppôt des majors ou un imbécile.

Et il faut arrêter d'utiliser à tout bout de champs le mot piratage qui ne veut
strictement rien dire. Tant qu'à faire pourquoi pas utiliser armes de
contrefaçon massive quand on parle d'un graveur ?

Le mot exact : c'est contrefacteur.

> Les seconds devraient être plus explicites, question
> d'honnêteté à mon humble avis, et décrire complètement
> le genre de société à laquelle ils pensent, quand ils
> souhaitent la dé-financiarisation de tout ce qui est
> numérisable.

Perso, j'attends ta description de société avec DRM et merci de me préciser deux
petites choses :

- les auteurs de logiciels libres pourront t-ils éditer des logiciels qui lisent
des DVD protégés sans être poursuivis dans ta société avec DRM ?

- le public pourra t-il extraire le contenu du DVD pour en faire un DivX ou
convertir un fichier WMA protégé au format Ogg-Vorbis dans ta société avec DRM ?

A +

Christophe

"C'est une révolution culturelle et une révolution culturelle n'est jamais
qu'une façon de voir une révolution tout court. L’idée fondamentale d’une telle
révolution est de supprimer non seulement la notion mais le fait de «
consommation » culturelle pour les remplacer par ceux de « production »
culturelle étendue à tous les groupes et ensembles-groupes qui constituent la
société"
- R. Escarpit – Théorie générale de l’information et la communication – 1976 









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