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Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte


From: Jean-Baptiste Soufron
Subject: Re: [Fsfe-france] Industrie musicale : la guerre est ouverte
Date: Mon, 31 May 2004 23:16:54 +0200
User-agent: KMail/1.6.1

> Je crois que c'est le contraire. Plus il y aura de dématérialisation et
> plus il y aura de nouveaux utilisateurs de cette dématérialisation,
> alors plus la nécessité d'adapter les lois sera pressante. Ton lien
> cite Victor HUGO. A mon avis les écrivains ont aujourd'hui compris une
> chose : ne commençons surtout PAS à vendre autre chose que des livres
> en papier. Note que je n'ai rien contre les livres en papier.
> Simplement, la numérisation pourrait être quelque chose d'extraordinaire
> pour les livres, et ce n'est pas prêt d'arriver. Demandes-toi pourquoi.

C'est complètement en train d'arriver, il y a déjà pas mal d'auteurs qui 
autorisent des éditions online de leurs ouvrages, parfois gratuitement : 
lessig par exemple...

 Il y a aussi de plus en plus d'ouvrages du domaine public numérisés qui vont 
forcément faire du tort à toutes les entreprises qui vivaient de leur 
rééditions papier : gutenberg ou les classiques des sciences sociales...

> > [ 3. Porte atteinte au droit de lire, au droit d'usage ]
>
> A part pour les livres, il faut un dispositif technique pour prendre
> connaissance de l'oeuvre, 

le papier aussi est un dispositif technique!

> ça ne date pas d'hier et ça n'a jamais 
> choqué personne, même si certains de ces dispositifs ne sont vendus
> qu'à prix d'or quand la technologie est naissante. Ils sont aujourd'hui
> vendus à très bas prix dans les grandes surfaces. Il me semble qu'un
> pourra parler d'atteinte au droit de lire quand la vente des oeuvres
> ou des dispositifs de lectures ne se fera qu'à des individus autorisés.

non, il y a atteinte quand les procédés techniques les plus chers et les moins 
performants sont favorisés par rapport aux autres afin de préserver des 
monopoles économiques... 

Je te conseille de lire le livre de Jacques Attali sur l'histoire du droit 
d'auteur.

> Et, oui, certains pays connaissent ou ont connus de telles atteintes au
> droit de lire. Je ne pense pas que ce danger nous guette, nous.

pourtant c'est bien le cas! 

les héritiers de James Joyce ont interdit les lectures publiques de Ulysses 
pour le centenaire du bloomsday en 2004, le bloomsday étant la fête nationale 
irlandaise qui commémore la journée de Leopold Bloom dans Berlin retracée par 
le poète... 

sur ce point, tu devrais lire Annah Harendt et Jessica Litman

> La question qui est posée est celle des standards et de la concurrence.
> Il me semble qu'il serait suicidaire pour les industriels de s'engager
> dans la voie de la non inter-opérabilité. Je pense qu'ils le savent,
> mais ça n'excluent pas quelques guerres violentes, au début, quand
> plusieurs standards cohabitent. Pour ce qui est de la concurrence, j'ai
> déjà donné mon point de vue : il n'y en a manifestement pas assez dans
> certains domaines. Une solutions des plus classiques s'appliquera peut
> être : on attends qu'un standard de fait se dégage, et la concurrence
> se fait sur autre chose, mais plus sur le standard. Bien entendu, il
> faut que tous les concurrents aient le droit d'utiliser le standard.

et comment obtiennent-ils ce droit d'utiliser un standard? 

et pourquoi un standard serait-il favorisé parce qu'une entreprise a gagné une 
guerre économique alors que ce n'est peut-être pas le meilleur pour le 
public? 

> puis de revenir ensuite dire _sans rire_ que les échanges
> de contrefactions en P2P sont "générateurs de richesse économique".

les échanges par P2P ne sont pas des échanges de contrefaçon, ils sont 
couverts par le fair use en amérique du nord, et par la copie privée en 
europe... 

d'un, ils sont légaux

de deux, ils sont générateurs de richesse économique car ils rendent tous les 
utilisateurs potentiellement plus riches du montant des oeuvres qu'ils n'ont 
plus besoin d'acheter, ce qui représente une plus value à la limite de 
l'infini pour le public...

> N'oublions quand même pas que la vraie liberté ce n'est pas "je
> peux faire ce que je veux". Je pense que tout abonné à cette liste
> voit parfaitement ce que je veux dire.

non

> En parlant d'auteur censuré, tu penses aux codeurs d'outils de
> contournement ? Si oui, alors oui, j'assume, je propose de les
> censurer, effectivement.

oui, mais cette censure ne serait que dans le bénéfice personnel des 
propriétaires de DRMs et pas dans l'intérêt de la société... 

> Pour moi, la "rematérialisation" c'est simplement revenir à l'époque
> du vinyle. Tu as un objet que tu n'as plus si tu le donnes à quelqu'un
> d'autre. Que cela est à voir ou non avec l'oralité et les siècles
> passés, ça me paraît complètement hors sujet.

tu devrais lire lessig et john rawls... 

> L'outrance est le pire des arguments. Ce que tu pourrais alors dire
> de pertinent, on ne prend même pas le temps de le considérer.

Les "je pense", "je crois", "j'estime"... ne sont pas plus d'arguments. 

> Il faut que tu t'adresses à Red Hat, Suse ou Mandrake. Qu'ils achètent
> les licences qui vont bien et livrent leurs distributions avec des softs
> de lecture de DVD protégés. Ils ne seront peut être pas sous GPL, mais
> je dirais que ça c'est TON problème. Pas le mien. Personnellement, je
> regarde les DVD que j'ai acheté ou loués sur une platine de salon de
> marque Philips, j'en suis content.

Oui, mais philips bénéficie d'un monopole, ce monopole lui est accordé par la 
société afin d'empécher phillips de protéger son invention par le secret de 
fabrique et de permettre à la société d'avoir connaissance de cette invention 
pour l'étudier et l'améliorer ou la remplacer par de meilleures inventions, 

le monopole de phillips est donc le fruit d'une balance, il comporte un 
certain nombre de restrictions et n'est pas absolu, notamment, phillips doit 
permettre à tout un chacun d'étudier son système pour le faire fonctionner 
ailleurs que là où philipps veut le faire fonctionner

accorder des monopoles absolus n'est ni l'objectif du droit d'auteur, ni 
l'objectif du droit des brevets... accorder des monopoles absolus, c'est 
l'objectif de phillips...  

> Si la société décide qu'il faut interdire
> l'utilisation de la fausse monnaie, ou décide qu'il faut interdire
> l'expression d'idées X ou Y en public, ou décide qu'il faut
> interdire les logiciels qui cassent les protections, c'est au
> fond  pareil. C'est le même genre de chose que quand un programmeur
> veut que n'importe quelle utilisation de son code soit distribuée
> avec les sources. C'est une contrainte qu'il estime nécessaire, juste,
> morale. Mais c'est une interdiction et si j'ai bien tout suivi,
> cette interdiction EST effectivement suivie de menace de procès
> par la FSF. Toutes les lois, où une grande partie d'entre elles en
> tout cas, fixent des limites au "je fais ce que je veux", dans
> l'intérêt collectif.

Personne ici n'est contre le droit d'auteur, mais le droit d'auteur n'est pas 
absolu et il ne devrait pas le devenir par des moyens détournés comme les 
DRMS. 

-- 
Jean-Baptiste Soufron, Doctorant
CNRS - CERSA Paris 2 

http://soufron.free.fr




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