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Re: [Fsfe-france] Logiciels libres et films italiens


From: Manuel Leclerc
Subject: Re: [Fsfe-france] Logiciels libres et films italiens
Date: Fri, 11 Jun 2004 16:19:58 +0200

Ludovic Courtès a écrit :

> J'ai l'impression (j'allais dire : "mon cher ami") que tu t'entêtes à
> parler économie pendant que la plupart des gens sur cette liste parle
> de partage, d'altruisme, et donc de gratuité (au sens large).

Il ne faut pas sous-estimer les aspects positifs de l'argent. C'est une
source d'énergie, et une unité de mesure. Le commerce, au sens large,
est une invention formidable. Je tiens beaucoup à la liberté d'acheter,
car (pour résumer) si j'achète, quelqu'un vends. Mais encore faut-il
qu'il y ait des vendeurs. Les livres, les musiques, les films, les jeux
vidéo que j'aime existent grâce à ce modèle (le monopole
d'exploitation). Je l'ai déjà dit, il n'a jamais été aussi facile de
produire et de donner. Que ceux qui veulent le faire le fassent, mais
pourquoi imposer le don ? A un développeur de jeux qui expliquait que
le "libre" posait un problème économique à son secteur, RMS a répondu :
"But if that doesn't work for you, I would not consider it a great loss
for the world if your products were not produced. They contribute
something to the world if they are free software, but otherwise not."
Autrement dit, il faut pouvoir partager tout ce qui existe, et si cela
signifie que certaines choses ne peuvent plus exister, ce n'est pas
grave, elles ne méritent alors pas d'exister. J'ai une aversion
viscérale pour cette façon de penser, je le reconnais bien volontiers,
et je ne suis pas le seul. Après plusieurs années, j'attends toujours
qu'on me présente la philosophie morale qui me permettrait d'accepter
une telle catastrophe comme étant "nécessaire".

Par ailleurs, nous ne parlons pas seulement de la disparition d'un
certain modèle, nous parlons aussi bien sûr des conséquences inévitables
des solutions de remplacement. La nature a horreur du vide, aphorisme
banal mais parlant. Par exemple, te rends-tu compte de l'importance
qu'a pris l'OSDL dans le développement du Kernel ? Pour quoi ? Pour qui ?
Si la source d'énergie et de mesure n'est plus l'argent des utilisateurs
de ton produit, c'est forcément autre chose. Ceux qui font sont ceux qui
acceptent l'argent (quelles que soient les raisons de cette acceptation)
et cet argent vient alors des sponsors, des mécènes, des états. J'espère
que nous pourrons au moins convenir que ce schéma présente quelques
inconvénients, non ?

> C'est peut-être symptomatique d'une divergence d'intérêts : est-ce
> que ce "modèle de production" (on imagine une "production" industrielle
> alors qu'on parle quand même d'art) vaut mieux que la liberté
> d'expression de chacun ?  Tout dépend du point de vue.

Remplace le mot "industrie" par ce que tu veux, ça m'est égal. Je te
demanderais toujours qui fait quoi, pour qui, comment, etc. C'est une
activité humaine comme beaucoup d'autres, avec beaucoup d'interactions,
de temps, d'énergie, de possible. Bien sûr n'importe qui peut écrire un
livre et placer le PDF sur sa page perso wanadoo. Et alors ? J'appelle
"industrie", le tissus économique, social, culturel qui fait que des
oeuvres nouvelles existent et sont diffusés avec plus ou moins
d'efficacité pour divers publics, qui les apprécient, ou pas, et le
font savoir.

"la liberté d'expression de chacun", au sens large, j'ai beaucoup de
mal à imaginer quelque chose qui vaut "mieux". Il faut aller chercher
des situations extrêmes, et encore. Je ne crois pas que cela soit de
cela dont nous parlons.

> Le logiciel libre ne suit pas le "modèle de production" du logiciel
> propriétaire, il est essentiellement en marge de l'économie marchande,
> mais il a quand même une existence réelle, preuve qu'il ne faut pas se
> fermer des possibilités d'échange nouvelles.

Tout à fait. Avec ça, je pourrais être d'accord. Consensus !

Mettons de côté tes histoires de "marge de l'économie marchande" quand
on pense à Red Hat. Sur le fond : oui, le logiciel libre existe en soi,
et c'est un enrichissement incontestable, que ce soit simplement pour ce
qui est des réalisations, ou pour la manière de faire. D'ailleurs,
j'irais jusqu'à dire qu'il s'agit d'un enrichissement, y compris pour
ses adversaires. La nouveauté, la concurrence, l'ouverture des possibilités
profitent à tout le monde.

Petite remarque pour l'ambiance, néanmoins : l'idéal pour RMS, ça serait
que le monopole d'exploitation soit illégal. Il ne s'agit pas simplement
de partage, il s'agit d'interdiction de ne pas partager. Le terme "en
marge" me semble alors devenir un peu inadéquat, et ce n'est par hasard
que le mot "guerre" est apparu dans le titre d'un thread. J'ai toujours
pensé que pas mal de fervents défenseurs de la FSF n'avaient pas vraiment
compris de quoi il était question. A ce sujet, les lettres au premier
ministre, c'est bien, mais reste à espérer que quelqu'un ne va pas aller
lui souffler à l'oreille qu'on est en train de le prendre pour un con,
je ne vois pas d'autres mots. J'ai été écouter RMS à la Linux Expo cette
année. Il a dit : "les majors, nous devons les détruire".

-- 
You might want think about whether you would trade all of that for
Richard's utopian world. Maybe you would, I wouldn't and I don't
think very many other people would either.
                                             --Larry McVoy





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