[Fsfe-france] sur le vote électronique

[ELIE François]

Bonjour,

J'ai trouvé les récents messages très intéressants
- à la fois sur la question de preuves de programmes
- mais aussi sur les problèmes liés à la *preuve* qu'ils sont utilisés
(les sceptiques avaient un *mode* qui disait: *prouve que ta preuve prouve*)

Il est très important de savoir si et comment s'assurer qu'un programme
fait bien ce qu'il dit faire. Mais ce n'est qu'un des élements d'une
longue chaine de confiance.

Je voudrais ajouter une remarque.

Pour ceux qui ne disent pas comme Sartre qu'*élection piège à cons*, et
qui croient (j'en suis) comme Churchill que la démocratie est le pire
des systèmes politiques à l'exception de tous les autres, il est un
élément capital dans une élection, c'est le rituel, le cérémonial, et la
solennité lié à l'événement. On y ressource la vie républicaine. Ce sont
des élus et des bénévoles qui tiennent les bureaux de votes. ce sont des
citoyens qui dépouillent. C'est le corps électoral en corps qui *se
gouverne* au moins ce jour-là et en cela qu'il ne délègue à personne le
soin de *se compter*. L'Etat lui en founit les instruments, mais c'est
le peuple qui *se compte*. Dans la tension classique entre l'Etat et la
société, la question du vote  électronique est peut-$etre simplement une
péripétie dans la *fourniture d'instruments* (sur le ton de "on va vous
fournir une calculatrice"...). La question à se poser est évidemment
"pourquoi faire" ? :-)

Si nous ne sommes plus capables de perdre un dimanche pour surveiller un
bureau de vote, si nous ne sommes plus capables de perdre une soirée à
ouvrir des enveloppes ou à tourner autour des tables pour vérifier que
personne ne triche, si nous ne sommes plus capables... d'aller voter,
alors à quoi bon nous poser d'autres questions!

Pour reprendre l'exemple de la calculatrice: si nous avons des
calculatrices pour nous faire oublier que nous sommes capable de compter
*à la main*...  qui nous fabriquera les calculatrices ?

Mais l'on peut aussi *sachant compter*, utiliser des machines à
calculer... j'y viens.

Car il me semble que la nécessité du vote électronique (pas seulement ni
nécessairement à distance) tient à tout autre chose dans la situation
américaine qui relance cette question à chaque fois: En France, nous ne
comptons qu'un ou deux bulletins par électeur à chaque fois. Comment
faire pour en compter cinquante dans les cas où de très nombreux
électeurs seraient consultés sur de très nombreuses questions ? Et là,
nous devons reconnaître que le comptage manuel est probablement pire que
le comptage automatique. Pour compter les billets de banques, on laisse
parfois des machines faire, pour discriminer des objets nombreux et
rapides on laisse des machines faire.

Pour résumer d'un mot: ce que les citoyens *doivent* faire eux-mêmes
(*se compter*), il est important de ne pas leur enlever (même *pour leur
bien*). Il est néanmoins des cas où pour mieux *se compter* il faut
utiliser des moyens automatiques.

Bien cordialement
François Elie

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