Re: [Fsfe-france] Le retour du 13eme bit...

[Ludovic Pénet]

Le sam 06/11/2004 à 15:34, Dominique Chabord a écrit :
> Bonjour,
> 
> Désolé, mais je prédis un grand avenir au vote électronique. Ce n'est 
> certainement pas un gadget. En facilitant la tenue d'un scrutin, il 
> ouvre de nouvelles voies de prises de décisions collectives, tant au 
> niveau des états qu'au niveau des communautés.
> 
> Je suis d'accord sur certaines remarques que tu formules, cependant, 
> d'autres sont non fondées.
> 
> Par exemple, le vote manuel ne garantit pas qu'il n'y a pas de fraude, 
> ni d'"erreur" de comptage. Je trouve ta confiance dans le système manuel 
> tout a fait naïve. Bien sur le clientélisme n'existe pas en France 
> (lol), ni les pressions, ni la fraude, d'ailleurs l'actualité récente le 
> prouve ;-)... La fraude électorale atteint des niveaux intolérables dès 
> lors que la démocratie ne fonctionne pas correctement. Sinon, tout va 
> bien, manuel ou électronique.
Le vote électronique permet, comme beaucoup de technologies numériques,
de répéter facilement une action un nombre infini de fois. C'est en
premier lieu cela qu'il est dangereux.

Son opacité n'est pas sans poser de problème pendant le vote. Avec le
papier, l'urne transparente et l'isoloir, n'importe qui (ou presque)
peut être assesseur, président du bureau de vote ou simple observateur.
Les assesseurs sont choisis de manière à représenter un large spectre
des partis en présence, ce qui limite les problèmes. Le bon déroulement
du bureau de vote peut être vérifié par tout un chacun. Un des
principaux problèmes observés pendant le déroulement du scrutin est
l'exploitation de la liste d'émargement à des fins de relance partisane.
C'est d'ailleurs pour cela que les assesseurs doivent veiller à ce que
le cahier soit fermé entre deux passages.

La constitution des listes est également un point important. Je ne vois
pas bien en quoi le numérique peut l'impacter, hormis par un piratage
avant leur impression par l'officier d'état civil. Les listes sont
également vérifiées par les partis en présence, ce qui permet de repérer
la plupart des pratiques louches et de limiter la fraude.

Le dépouillement, effectué par des volontaires sous la surveillance des
assesseurs est également difficile à trafiquer. Il faudrait pour cela
que les 4 personnes d'une même table soient de mèche et que les
personnes surveillant les opérations (au moins les assesseurs) le soient
également. Cela fait beaucoup de conditions, surtout en comparaison de
la modification d'un binaire.

La « vraie » triche se produit en fait surtout lors des opérations de
recollement des bureaux de vote, notamment à l'aide de techniques de
décalage de dizaines. De même manière, la plupart des partis en présence
disposent d'outils de contrôle, comme des logiciels spécialisés. Il faut
donc aujourd'hui les tromper tous là où tripoter un système unique
suffirait dans le cas du vote électronique.

Pour les votes importants, je pense donc que l'urne transparente, les
bulletins papier, l'isoloir et surtout ces merveilleuses « machines »
que sont les humains contrôlant les opérations sont une technologie bien
plus avancée que des pâtés de silicium. :-)

@+!

Ludovic