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Re: Analyse des notes etrangeres


From: Valentin Villenave
Subject: Re: Analyse des notes etrangeres
Date: Mon, 15 Jun 2020 16:15:00 +0200

On 6/15/20, Yoann LE BARS <yoann@le-bars.net> wrote:
>       N’hésitez pas à faire des remarques. Notamment, je pense qu’il y a un
> meilleur moyen de réaliser les annotations sous les degrés des accords,
> mais je ne vois pas comment faire.

Ah, il y a toute la panoplie de openlilylib pour ce genre de trucs :
le Edition_engraver, les machins d’analyse harmonique ultra-poussée
etc.

Attention à l’avant-dernière mesure, il y a une seconde qui s’imprime
mochement (probablement à cause du cross-staff stem).

Pour revenir sur cette histoire de double broderie à la mesure 9, ce
n’est pas ainsi que je la décrirais : à mon sens le si est une note de
passage de la vers do, et le ré une appoggiature du do. (Certains
diraient une “échappée”, mais c’est particulièrement casse-gueule à
employer parce qu’il n’y a pas deux théoriciens d’accord sur ce
terme). D’ailleurs je chiffrerais même cette mesure et la précédente
comme un emprunt à La mineur, la septième diminuée étant comme
toujours une neuvième de dominante sans fondamentale. De même mesure
16, pour moi c’est un emprunt très rapide à Si mineur (ce qui permet
de considérer le si du premier temps et le ré de la main gauche comme
des appoggiatures, et qui évite de parler d’“anticipation”, une notion
là aussi très casse-gueule).

Attention, tu ne chiffres pas le ré mesure 15. (Et, non, ce n’est pas
une anticipation de la septième de dominante.) Je chiffrerais même
l’accord de fa mineur, en fait.

Mesure 17, si tu considères (à juste titre) le red comme une
appoggiature préparée, le chiffrage <7 6b> n’est pas justifié (en plus
ce serait plutôt une quinte augmentée). Pour moi, d’ailleurs, il faut
considérer que cette mesure est entièrement sur pédale de dominante
(ce qui explique en partie le décrochage vers le la grave à la mesure
suivante) ; la résolution est donc à l’état de quarte et sixte sur le
premier degré (en tout cas c’est comme cela que je le joue). Et dans
la mélodie, tu peux également signaler le contournement “si ré do”
dans la mélodie, passant par le même ré appoggiature que celui que
j’évoquais ci-dessus.

Au passage, ce que je disais sur la double broderie s’applique ici
mesure 10/11 à la main gauche : on peut chiffrer le <do mi la> comme
un IV avec sixte ajoutée (ou II comme tu l’as fait, pourquoi pas), ou
bien considérer que ce n’est qu’une double broderie autour de <si red
la'>. C’est particulièrement plausible mesures 18/19. (Tu pourrais
d’ailleurs signaler la cadence évitée mesure 21.)

Chopin résiste admirablement bien à l’analyse harmonique classique (à
tel point qu’on se retrouve fréquemment à devoir bricoler des notions
ad-hoc, franchement il y a certaines mazurkas où on ne peut s’en
sortir qu’avec la panoplie de l’analyse bartokienne!). Par exemple le
fameux accord de la mesure 23 pourrait être décrit comme une «double
broderie» (au sens où tu l’entends), le do et le sib étant tous deux
des divergences chromatiques autour de la dominante… C’est d’ailleurs
ce que tu chiffres #6 mesure 21 (pourquoi pas, ou bien simplement
considérer le sib comme une appoggiature). Ou, on peut le décrire
comme un accord de triton (septième de dominante, +4) qui devrait
introduire une sixte napolitaine (accord de fa naturel renversé).

C’est d’ailleurs le reproche que je fais à beaucoup d’analyses
harmoniques (et, plus généralement, à l’approche «musicologiste» qui
ne raisonne pas du tout en tant que musicien, je ne vais pas y
revenir) : on peut chercher toutes les justifications possibles, la
broderie de l’échappée du machin du truc, mais si Chopin a écrit une
fichue septième de dominante, c’est qu’il avait tout simplement envie
d’entendre un fichu accord de septième de dominante à cet endroit.

Bon, il y aurait des pages à écrire donc je m’arrête là.  (Pour la
petite histoire, je me suis un jour amusé dans une comédie musicale à
écrire un pastiche de “ne me quitte pas” de Jacques Brel garanti 100%
domaine-public, en n’utilisant comme accompagnement que la main gauche
de ce prélude, et un bout de rhapsodie de Liszt :-)

V.



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