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[Fsfe-france] Re: Le futur SCILAB est un ami du libre


From: Ludovic Pénet
Subject: [Fsfe-france] Re: Le futur SCILAB est un ami du libre
Date: Fri, 15 Apr 2005 22:25:35 +0200

(désolé pour le délai de réponse, mais mes yeux s'obstinent à se fermer
selon un phénomène étrange nommé « manque de sommeil » ces derniers
temps).

> > Je ne vois pas aujourd'hui « un long dimanche de fiançailles » être
> > produit sur le temps libre de passionnés ou selon une logique don contre
> > don.
> 
> De la même manière que je ne vois pas un Word (aujourd'hui signé par 
> Microsoft) être produit par un groupuscule de barbus dans leurs garages. 
> (J'ai rien contre les barbus ! Cf. la référence : 
> http://www.faqs.org/faqs/fr/chartes/misc.bavardages.dinosaures/ ;-) 
Et bien moi si... :-) Je vois le « Word » produit par une nuée de
bénévoles, ajoutant les fonctions les unes après les autres.
Je ne vois par contre par une oeuvre reflétant la personnalité de son
réalisateur (n'oublions pas au passage le scripte, les acteurs,...) être
réalisée incrémentalement. Il ne s'agit pas ici d'une croyance en ce que
Florent Latrive appellerait probablement « le mythe de l'auteur
romantique », tout puissant, capable de créer ex-nihilo une nouvelle
oeuvre, mais plutôt de sa capacité à créer une oeuvre originale,
reflétant sa personnalité à partir (je suis tenté de dire, évidemment)
de ce que ses prédecesseurs ont déjà créé.


> > Je ne vois pas bien en quoi cela gêne ses spectateurs. Je pense par
> > contre que l'on pourrait dès le départ, pour faciliter l'accès à la
> > culture, autoriser la reproduction et la réélaboration non-commerciale
> > de la première copie, et prévoir l'extinction volontaire des droits
> > patrimoniaux à 3 ans (période en laquelle ~90% de l'exploitation
> > économique de l'oeuvre est faite). Cette extinction progressive me
> > semble être l'esprit des CC. Des CC « time decay » me sembleraient très
> > intéressantes. Les appeler « libres » ne me sembleraient pas adéquat.
> 
> Les soucis dans ce paragraphe :
>  - on reparle de modèle économique, alors que je pense que ça devrait sortir
>  du débat, puisqu'on tente de parler de liberté 
Je pense qu'on ne reparle pas de modèle économique, mais des conditions
de la création. L'économie (il faudrait d'ailleurs probablement dire
*les économies*) n'est de mon point de vue qu'une théorie de
modélisation de l'organisation de certaines de ces modalités.

>  - dans un tel cas de figure, on reste dans une situation de face à face
>  producteur<->consommateur, alors que le mouvement du logiciel libre a
>  réussir à produire une nouvelle race, l'utilisacteur (Cf. :
>  http://www.libroscope.org/Utilisacteur-vers-une-ecologie ), qui exploite
>  de manière intéressante les libertés du logiciel pour gommer la distance
>  entre celui qui donne et celui qui reçoit. C'est peut-être là que ça fait
>  mal à ceux qui ont une haute opinion des oeuvres à caractère artistique :
>  «on va toucher à MES pixels !?» 
Je ne pense pas. Il me semble au contraire parler d'emblée de
réappropriation et de réélaboration et ne distingue pas le producteur du
consommateur.

>  - la notion de «time decay» pour les restrictions me parait proche des
>  propos de François Elie (Cf. Un logiciel libre est gratuit une fois qu'il
>  a été payé. http://www.adullact.org/LaLettre/9/9.html ). Mais dans ce cas,
>  je renvoie les intéressés à ma réaction récente sur LinuxFr au sujet d'un
>  soi-disant nouveau modèle économique pour le logiciel libre :
>  http://linuxfr.org/comments/558336.html#558336
>  En gros : tant qu'on n'est pas rentré dans ses sous, on peut pas faire de
>  libre. Eh bien soit ! Mais en attendant, on peut pas dire que ce soit
>  libre.
Je pense qu'il y a plusieurs manières de faire du « time decay ». Se
baser sur la rentabilisation de l'oeuvre me semble, tout comme à toi,
fort délicat : comment l'estimer de manière objective ? Comment fixer le
curseur ?

J'appelle plutôt de mes voeux des licences organisant dès la publication
la levée de la plupart des réservations sur l'oeuvre : copie et
réélaboration non-commerciale immédiatement puis réélaboration
commerciale à partir d'une date fixe, non révisable.

Les ayants-droit utilisant une de ces licences ne demanderaient donc pas
à leurs utilisateurs de patienter jusqu'à ce que leur logique de
production soit satisfaite mais s'imposeraient au contraire délibérément
des contraintes temporelles leurs imposant d'accorder certains droits au
public.

Les libertés primeraient. Pas la logique de production.

Doit-on appeler cela libre ? Je ne le pense pas, pas plus que je ne
pense que la transposition brutale des 4 libertés définies pour le
logiciel par RMS selon sa philosophie de liberté de circulation de
l'information puissent être transposées brutalement à d'autres types
d'oeuvres. Pas plus que je ne pense qu'il soit productif pour le
mouvement du logiciel libre de chercher à englober d'autres types
d'oeuvres et de se muer en mouvement universel de libération des oeuvres
- ce qui ne disqualifie bien évidement pas des démarches analogues, mais
AMHA distinctes, telles qu'Art Libre.

Au passage, je trouve que cette transposition procède d'une logique
centrée sur l'oeuvre et non plus sur l'utilisateur (au sens large où
l'utilisateur est à la fois « consommateur/jouisseur » et « producteur
»). On raisonne en effet le plus souvent selon des analogies entre les
différents types d'oeuvres et on ne part plus de l'homme et de la femme,
perdant ainsi de vue l'essentiel.

De ce que je comprends, RMS ne s'est pas dit « il n'est pas normal que
je ne puisse pas modifier ce logiciel » quand il s'est trouvé face à une
imprimante butée au code fermé. Sa réflexion ne me semblait pas centrée
sur l'oeuvre. Il me semble qu'il s'est plutôt dit : « Ce logiciel est le
fruit du travail de générations d'informaticiens et, avant eux, de
l'humanité. Il est un fragment de la connaissance commune, de notre
patrimoine commun. Il est donc normal que les hommes et les femmes
puissent l'utiliser, l'étudier, le modifier et le redistribuer à leur
guise ». Ce que Michel Rocard avait synthétisé en « Tout le monde se
copie et c'est très bien ainsi ».

Amicalement,

Ludovic





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