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[Fsfe-france] concepts et questions de terminologie


From: Antoine
Subject: [Fsfe-france] concepts et questions de terminologie
Date: Tue, 12 Apr 2005 17:07:33 +0200 (CEST)
User-agent: SquirrelMail/1.4.4

> Le grand dictionnaire terminologique donne de « functional » la
> définition suivante :
> «
> ((...)) furniture, serviceable, utilitarian, designed primarily for use
> rather than for decoration. Specifically, in modern design the school
> that eschews the decorative nature of furniture in order to emphasize
> its special utility.
> »

Outre le terme "décoratif" qui donne en fait une vision très péjorative de
l'art, la faiblesse énorme de cette définition provient du "designed
primarily for", qui n'est absolument pas équivalent à un "suitable only
for". C'est-à-dire qu'une oeuvre qui a été conçue dans l'optique d'un
*fonctionnement artistique* (exposition, etc.) peut parfaitement être
utilisée dans le cadre d'un *fonctionnement non-artistique*, et vice-versa
:
- on peut utiliser une toile de Van Gogh comme matériau promotionnel ou
comme couverture pour son lit
- on peut utiliser un urinoir comme oeuvre exposée dans un musée

Dans le cas précis du logiciel libre, l'exemple typique est celui d'un
morceau de musique quand il est utilisé comme accompagnement d'un logiciel
éducatif ou d'un jeu vidéo.

Donc *on ne peut pas* catégoriser a priori les oeuvres en "oeuvres
fonctionnelles" et "oeuvres non-fonctionnelles". On ne peut que constater
que *certains* fonctionnements sont "artistiques", et d'autres ne le sont
pas (ils seront "utilitaires"). Mais l'oeuvre en soi ne peut pas être
affublée d'un tel qualificatif, puisque ses fonctionnements sont divers.


> À l'opposé, un logiciel est, sauf peut-être dans certains cas très
> précis de créations artistiques, une oeuvre faite pour être utilisée
> plutôt que décorer.

J'aimerais te voir expliquer à des artistes que leur oeuvre est faite pour
"décorer" :)


> ou de souhaiter un retour au mécénat tel
> que pratiqué aux 17ème et 18ème siècle.

Le mécénat est actuellement remplacé par les financements publics pour une
part importante des artistes qui vivent réellement de leur art (ce qui
représente en soi une portion très faible). Tu ne crois sérieusement pas
que le "marché" est capable d'assurer correctement la subsistance des
artistes "qui le méritent" ? Or les financements publics ne sont, pas plus
que le mécénat, gênés par une licence libre.

Je rappelle gentiment que le milieu de l'art n'est pas exempt de remous
quant aux conditions de son financement en général, et de sa récupération
par le "marché" en particulier. (cf. conflit des intermittents, batailles
majors vs. indépendants, etc.).
On ne peut pas prétendre que la situation actuelle est stable et résolue,
et que les licences libres remettent en question un équilibre supposé
admirable...


> Partant de là, comment réduire la liberté de ce type d'oeuvre à la
> transposition des libertés définies pour le logiciel ?

La "réduction des libertés" est précisément du côté des licences
non-commerciales, pas de celui des licences libres...


> Les libertés
> définies pour garantir l'accès à la citoyenneté numériques

C'est quoi "la citoyenneté numérique" ? Définir le logiciel libre en
termes de citoyenneté est séduisant, mais il faudrait quand même penser à
préciser les concepts.


> La
> liberté des hommes et des femmes de s'approprier leur culture
> implique-t-elle la possibilité de réélaborer immédiatement  à partir
> d'une oeuvre cinématographique ?

Pourquoi pas ? Comment peut-on s'approprier quelque chose qui serait donné
sous forme intouchable, interdite de modification et d'altération ?

Ca me rappelle la citation de Gébé :
« Cet arbre est à moi, il m'appartient.
- Eh bien... possédez-le. »

> Le droit, qui ne reflète qu'un équilibre des forces
> à un instant donné, n'est pas qu'une affaire d'architecture, mais
> également d'usages, de conventions sociales, etc.

Dans ce cas tu aurais pu dire la même chose à Stallman en 1985 quand il a
créé la GPL, et lui expliquer benoîtement que les usages et les
conventions sociales sont du côté du logiciel propriétaire ou, au mieux,
du freeware non-commercial.

On ne risque pas d'avancer en quoi que ce soit si on se limite
volontairement à entériner les conventions sociales du moment (c'est
marrant, ça me rappelle la ligne de certains partis politiques).

a+

Antoine.






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