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Re: [Fsfe-france] Re: Le futur SCILAB est un ami du libre


From: Ludovic Pénet
Subject: Re: [Fsfe-france] Re: Le futur SCILAB est un ami du libre
Date: Tue, 12 Apr 2005 14:49:40 +0200

> Peut-on vraiment imaginer une  separation sur les oeuvres numeriques ?
> J'ai vu plusieurs presentations  de Richard Stallman sur la separation
> des   oeuvres  fonctionnelles  et   non-fonctionnelles.  Il   dit  que
> uniquement les oeuvres dites  fonctionnelles doivent etre libres. Mais
> est-ce qu'il existe vraiment des oeuvres non-fonctionnelles ou pouvant
> faire partie d'une oeuvre fonctionnelle dans le monde numerique ?
C'est plutôt d'une séparation des oeuvres qu'il me semble qu'il faut
parler, leur caractère numérique étant secondaire.

Le grand dictionnaire terminologique donne de « functional » la
définition suivante :
«
((...)) furniture, serviceable, utilitarian, designed primarily for use
rather than for decoration. Specifically, in modern design the school
that eschews the decorative nature of furniture in order to emphasize
its special utility.
»

Si certaines oeuvres créatives peuvent être fonctionnelles, si certaines
d'entre elles peuvent être des détournements d'objets ou d'oeuvres
fonctionnelles, je ne vois pas bien en quoi cela les qualifieraient
toutes comme oeuvres fonctionnelles.

Un tableau, une chanson et au-delà, une opinion ne me semble être ni des
« furnitures » (meubles), « serviceable » (~commodités) ou être conçues
principalement pour être utilisées plutôt que « décoratives ».

À l'opposé, un logiciel est, sauf peut-être dans certains cas très
précis de créations artistiques, une oeuvre faite pour être utilisée
plutôt que décorer.

La distinction générale me semble donc pouvoir être faite, avec, comme
toujours pour ce genre de définition, des réserves d'appréciation.

Le point de départ d'une réflexion sur ce sujet ne me semble cependant
pas être l'oeuvre mais l'Homme. Je suis pour la liberté du logiciel
parce que je suis pour la liberté des hommes et des femmes dans la
société de l'information, pour leur droit à disposer des outils de
communication, de création, d'analyse dont ils ont besoin pour vivre
leur citoyenneté numérique et parce que je pense que le logiciel libre
est l'un des points d'équilibre entre les auteurs et le public
permettant à ces premiers de subsister de leurs créations s'ils le
souhaitent.

Je ne retrouve pas cet équilibre dans « l'art libre » ou l'exclusion des
licences CC-NC. Je ne vois pas bien comment on peut l'y trouver, à moins
d'instaurer un revenu de subsistance (et d'estimer que les artistes
doivent vivre avec ce minimum) ou de souhaiter un retour au mécénat tel
que pratiqué aux 17ème et 18ème siècle. Certains types d'oeuvres
exprimant la personnalité de leur créateur, comme le film, sont créées
grâce à des investissements importants. Un film n'est pas, il me semble,
en général un assemblage judicieux par un homme de l'art de techniques
ou d'idées existantes, à moins de réduire la production
cinématographique à quelques désastreux documentaires industriels
triomphants des années 70. :-) Il n'est pas crée comme un logiciel.

Partant de là, comment réduire la liberté de ce type d'oeuvre à la
transposition des libertés définies pour le logiciel ? Les libertés
définies pour garantir l'accès à la citoyenneté numériques sont-elles
les mêmes que celles qui sont nécessaires à la préservation (ou au
rétablissement) de l'accès (au sens large )à la culture numérique ? La
liberté des hommes et des femmes de s'approprier leur culture
implique-t-elle la possibilité de réélaborer immédiatement  à partir
d'une oeuvre cinématographique ? Ou ne pourrait-elle pas, par exemple,
s'accommoder d'une logique de « time decay » (déclin progressif?) des
réservations de droits ? Exemple : 3 ans de dispo sous une CC-NC puis
disponibilité sous une CC autre que NC.

Certes, la possibilité technique de réélaborer immédiatement existe.
Tout comme la possibilité technique de redistribuer un logiciel sous GPL
modifié sans se conformer à sa licence existe. Elle ne suffit pas à
impliquer un droit. Le droit, qui ne reflète qu'un équilibre des forces
à un instant donné, n'est pas qu'une affaire d'architecture, mais
également d'usages, de conventions sociales, etc.

@+!

Ludovic





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