[Fsfe-france] A propos de l'éducation et du droit d'auteur

[Christophe Espern]

Bonsoir,

Ci-dessous un post de Kéro trouvé sur le forum de la ligue ODEBI et qui fait 
suite au communiqué de presse de la ligue ODEBI 
(http://www.odebi.org/new/theme/accueil.php?a=161&session=&var_page=1)

L'original du post se trouve ici :
http://www.odebi.org/forums/index.php?showtopic=2163

Plein de bon sens et de vérités, je trouve.

A +

Christophe 

En tant que Webmaster principal d'Ensemble pour nos Enfants, site web et 
future association de défense des enfants, des adolescents, et de leurs 
droits, je soutiens la Ligue Odebi dans leur opposition à toute action 
pseudopédagogique de l'industrie musicale dans les écoles, collèges, ou 
lycées.

Je tiens à rappeller à notre gouvernement qu'il est lui-même l'auteur du Débat 
National sur l'Avenir de l'Ecole, dont la synthèse a été rendue publique et 
est téléchargeable à cette adresse : 
http://www.debatnational.education.fr/uplo...oir/Rapport.pdf

Je rappelle également au gouvernement que dans ce rapport, il est très 
clairement exprimé un certain nombre d'inquiétudes de la part des français, 
inquiétude que le gouvernement a promis de résorber par le dialogue et la 
concertation avec les citoyens Français. Au jour d'aujourd'hui, la 
concertation en question montre qu'une extrême minorité de français se montre 
particulièrement sensible au sort de ces pauvres multimilliardaires qui 
mourront de faim si l'on copie leur album par internet. En revanche, les 
français ont clairement exprimé leur volonté de voir les programmes recentrés 
autour des savoirs fondamentaux, considérant le programme comme trop dense, 
trop complet, augmentant inutilement le nombre d'heures de cours de nos 
jeunes et baissant leur productivité de manière inversement proportionnelle 
(surmenage, fatigue nerveuse, incapacité à rester attentif huit heures par 
jour en se levant tôt cinq à six jours sur sept, dépassant les trente-cinq 
heures de travail des adultes avec les devoirs à la maison indispensable pour 
boucler le programme, etc.).

Surcharger le programme scolaire des jeunes en leur ajoutant des heures de 
"sensibilisation aux enjeux du piratage" irait donc à l'encontre du désir des 
français que Monsieur Raffarin, Monsieur Fillon, et avant lui Monsieur Ferry, 
ont promis d'écouter.

Les enfants et les adolescents ont d'autres choses à faire pour occuper leurs 
heures de cours, d'autres sujets à maîtriser, d'autres occupations 
extra-scolaire à vaquer, avant de devoir s'occuper du sort des majors qui 
sont somme toutes constituées de grandes personnes (le plus souvent 
d'ailleurs payées un peu plus que ces adolescents que l'on veut culpabiliser 
parce qu'ils ne claquent pas leur argent de poche du mois dans un CD 2 
titres). Les jeunes, quant à eux, ont avant tout besoin de savoir lire et 
écrire le français (et il y'a du travail), compter et calculer, connaître 
l'histoire de leur pays et du monde qui les entoure, avoir quelques bases de 
sciences, etc. Il ne me semble pas que le sort des majors de l'industrie 
musicale soit tout à fait une priorité du programme, et l'emploi du temps des 
enfants n'est pas extensible, ni ne doit le devenir (il est déjà suffisamment 
chargé comme cela), pour permettre à quelques gros de s'engraisser encore 
plus, alors qu'ils ont déjà largement de quoi subsister jusqu'à la saison 
nouvelle, et même celle d'après d'ailleurs.

Certes, un certain nombre d'heures sont déjà attribuées à certaines actions de 
préventions dans les écoles, collèges, et lycées : Celles-ci sont, 
actuellement, utilisées à des fins de prévention quant à l'abus d'alcool, au 
tabac, à la drogue en générale, ou encore à la sécurité routière ou aux 
conduites sexuelles à risque. Il me semble que ces sujets sont sans commune 
mesure avec l'état des finances de telle ou telle multinationale dont le 
modèle économique n'est plus aussi productif et rentable qu'espéré, pas 
forcémment du fait des jeunes et du piratage d'ailleurs comme tendent à le 
montrer plusieurs études. Le gouvernement et l'industrie phonographique 
pourraient faire preuve d'un peu de descence en évitant de mettre au même 
niveau les dangers de la drogue sur un enfant ou un jeune adolescent et les 
"dangers" du "piratage", d'autant que tous les jeunes n'ont pas accès à 
internet, et encore moins au haut-débit.

Il y'a par ailleurs des raisons de douter des compétences en pédagogie de 
l'industrie phonographique au vu des campagnes de publicité dénigrantes (le 
fameux "doigt d'honneur"), les tentatives d'intimidation (le "doigt 
d'honneur" finissant dèrrière les barreaux), les amalgammes faciles sur les 
internautes, ou encore les contre-vérités pures et simples ("le droit à la 
copie privée n'existe pas", dixit une ponte d'une major de l'industrie 
phongraphique bien connu, le problème étant que cette affirmation est 
fausse). Ces méthodes "pédagogiques" ressemble plus à celles typiquement 
utilisées pour manipuler une opinion, en d'autres termes effectuer un lavage 
de cerveau qu'aux méthodes de pédagogies pour faire un cours structuré et 
objectif. Ceci est pour le moins contraire aux règles d'éthiques en ce qui 
concerne les enfants, qui sont des personnes vulnérables et facilement 
manipulables, mais aussi contraîre évidemment aux buts et principes de 
l'Ecole de la République, et à l'attente des français qui ont clairement 
exprimées leurs craintes quant à l'arrivée d'une certaine propagande dans 
l'école, mais aussi l'arrivée d'entreprises privées au sein de l'école.
Il serait bon que le gouvernement se souvienne avoir donné des garanties de ce 
côté là, et permettre à des entreprises multinationales de donner des cours, 
qui plus est peu honnêtes et peu pédagogiques, à la place des fonctionnaires 
de l'état français, aux élèves, est un acte inadmissible et auquel sont 
hôstiles les français que vous avez promis d'écouter à l'issue de ce fameux 
débat national.

Il n'est pas acceptable de manipuler des enfants, de leur faire gober de la 
propagande de consommation, de refuser de les protéger de la gloutonnerie de 
certaines entreprises. Respectez vos engagements: Laissez les enseignants 
faire leur travail, renvoyez les entreprises faire le leur, et que les vaches 
soient bien gardées, si possible loin de nos enfants qui travaillent 
suffisamment comme cela, et qui ont bien d'autres choses à retenir de 
l'école, et bien d'autres sujets à aborder en matière de "prévention".