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[Fsfe-france] Article sur Stallman dans Charlie Hebdo


From: Frederic Couchet
Subject: [Fsfe-france] Article sur Stallman dans Charlie Hebdo
Date: Wed, 16 Jun 2004 16:34:34 +0200
User-agent: Gnus/5.090024 (Oort Gnus v0.24) Emacs/21.3 (gnu/linux)

Charlie Hebdo publie aujourd'hui un portrait et un article sur
Stallman. La base de départ de l'interview est la pub du SNEP ("le
doigt"). Ci desous le texte de l'interview. Il manque le portrait de
RMS par Honoré.


Titre :
« Le main de la gratuité dans la culotte des majors »

Chapo:

On pourrait se féliciter de la diffusion de la culture. Non. On crie
au vol. Et le SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique)
lance les flics et les juges. Depuis janvier 2004, plus de 2 500
internautes ont été poursuivis dans le monde (pas beaucoup,
finalement), mais les peines sont chères. Le SNEP fait ça au nom de la
«création» et du «droit d'auteur» alors qu'il n'en a que foutre, qu'il
ne vend que la soupe des superstars et se moque des petits producteurs
et auteurs, lesquels sont bien contents d'être connus grâce au
Net. Pourquoi ne pas taxer les fournisseurs d'accès, grands
bénéficiaires des téléchargements ? Pourquoi ne pas taxer les supports
vierges en faveur des éditeurs ? Richard Stallman, génial inventeur du
logiciel libre, évoque ces problèmes.


Portrait: La vie des grands fauves

Richard Stallman, génial inventeur du génial logiciel libre.

Vous pouvez m'appeler « RMS »D'après Oncle B, je suis un génie. Je
précise : un jeune génie. On m'a fabriqué dans un labo, à Manhattan,
en 1953 si je me souviens bien des coups de reins du père... A 18 ans
j'ai intégré le Massachussetts Institute of Technology (Cambridge,
Massachussetts), plus exactement le laboratoire d'intelligence
artificielle. En 74, j'ai eu ma thèse à Harvard. J'ai eu des tas de
doctorats et de récompenses fameuses, dont une fut partagée avec Linus
Torvalds, le Finlandais, qui a pu développer le logiciel Linux qui
complète mon invention de base, le projet GNU. Mes hobbies sont : le
calembour, le vol à voile, la cuisine marocaine, la physique
théorique, la science fiction et la programmation. J'ai été marié dix
ans avec une machine informatique (le pied !), et puis bref. 

J'aurais pu devenir un quelconque Bill Gates. J'ai choisi de partager
mon savoir. C'est çà, le projet « GNU », qui m'a conduit a abandonner
le MIT et les sentiers de la vénalité en 1984.

GNU est un logiciel libre. N'importe qui est libre de l'utiliser, de
le copier et de le diffuser, mais aussi de le modifier, quels que
soient les changements, grands ou petits. Les logiciels propriétaires,
genre Windows, interdisent à leurs utilisateurs de les partager ou des
les copier. Ceux-ci sont divisés et rivaux. Un logiciel libre est
essentiel pour des gens souhaitant utiliser les ordinateurs en toute
liberté.

Bon, la suite dans mon interview, d'accord ?



Interview de Richard Stallman, inventeur du logiciel libre.

Que pensez-vous de la lutte menée par les majors du CD contre le
piratage

Il ne s'agit pas de piratage, mais de partage. Pirater, attaquer,
razzier, c'est odieux. Partager c'est bien. Seul un Etat policier peut
interdire la coopération entre les citoyens. Dans cette pub, il faut
d'abord voir l'argent de ceux qui se sont emparés d'un pouvoir
injuste, et maintenant l'exercent. Ce que j'appelle « l'esprit de
terreur ». Je n'ai rien contre la vente des disques. Mais ces éditeurs
qui assimilent le partage à un piratage méritent simplement la
faillite.

Pourtant, la copie de CD...

Le partage d'une musique est une forme de coopération. Tout le monde a
le droit de diffuser des copies exactes d'un CD sans but commercial.

Comment soutenir la création ?

Par le système du droit d'auteur, tout à fait valable et utile pour
soutenir les musiciens. Les « majors » n'ont évidemment pas pour but
de soutenir les musiciens et la création (leur but revendiqué). Seules
les grandes vedettes sont soutenues. Ces mêmes majors ne font rien
pour les musiciens et la diffusion modestes.

La copie sur Internet fait tout de même perdre de l'argent...

Aux vedettes. La copie sur Internet c'est peanuts, et seules les
vedettes perdent un petit peu d'argent, ce qui n'est pas tragique. Les
petits artistes, en revanche, vont pouvoir être reconnus par la
diffusion sur Internet. Libérer et partager la musique ne fera de mal
qu'aux vedettes. Et aux profits non nécessaires des grands éditeurs.

Peut-on faire plus pour la musique ?

Oui. Chaque fois qu'on écoute un morceau, on pourrait par exemple
cliquer sur l'écran pour envoyer ou non un euro à l'auteur. Ce sera un
euro qu'ils recevront vraiment, plutôt que le zéro euro qu'ils
recevront si vous achetez le CD 20 euros.

On peut envisager aussi un impôt sur les disques vierges qui
permettrait de soutenir les musiciens tout en permettant les
copies. Bref : le maximum d'argent aux musiciens. Ce ne sont pas les
entreprises qui créent la musique.

Quel rapport entre le logiciel libre et la libre copie de la musique ?

L'idée de coopération. L'idée de refuser l'exploitation des auteurs ou
du public. Les puissants maintiennent le public et les auteurs en état
de division et d'impuissance. Mais l'exemple du logiciel libre est
peut être plus facile à comprendre, car il est beaucoup plus facile de
transformer un logiciel que de changer une note de musique. 

Les éditeurs de logiciels propriétaires interdisent la coopération et
le partage, ils imposent des licences et ne distribuent pas le code
source. Bien. Nous, au contraire développons des programmes libres que
quiconque peut utiliser ou changer. Fin de la division et de
l'impuissance ! Chaque programme propriétaire, non libre, ote de la
liberté à l'utilisateur.

Quelles sont les libertés essentielles pour un programme ?

Pour moi il y en a quatre : Faire tourner le programme comme on veut
sur n'importe quelle machine.

Etudier et changer le code source selon ses désirs. Changer la recette
du gâteau à son goût.

Etre libre d'aider son voisin en faisant des copies et distribuant les
copies.

Pouvoir publier une version modifiée du logiciel, et en cela aider à
construire la communauté des libres coopérants. 

Quand on possède un logiciel libre, c'est de la vrai possession. Quand
on possède un logiciel propriétaire, on est simplement locataire, on
ne peut que l'utiliser selon des règles strictes, on a un droit
temporaire et limité d'exercer sa liberté. C'est pourquoi j'oppose le
« copyleft » au « copyright », la liberté et la coopération à la
division et l'impuissance.

Si on ne peut changer ce qu'on utilise dans la vie, c'est qu'on n'est
pas libre.

Quel lien faites vous entre la recherche et le logiciel libre ?

Evident. Dans les années 70, au MIT, dans les facs, nous avions
l'esprit de coopération scientifique : j'ai appris cet esprit de
coopération. Puis est venu le temps, disons, de la corruption. Mes
collègues ont voulu gagner de l'argent. Ils sont partis. J'ai conservé
l'esprit du logiciel libre.

Quel est l'avenir de la gratuité ?

Il ne s'agit pas de gratuité. On peut vendre et acheter des copies. Il
s'agit de liberté de modifier et de diffuser. En la matière, il y a de
graves menaces. A Bruxelles, des directives se préparent pour
interdire les logiciels libres. Le parlement résiste. Très bien. Mais
si l'on commence à breveter les idées de l'informatique, le
développement des logiciels deviendra impossible. Au fait : le
logiciel libre, c'est liberté, égalité, fraternité. Ca doit vous
rappeler quelque chose. Quant à Microsoft, c'est un clone du système
soviétique, avec son monopole de l'offre et de la demande.

-- 
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