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Re: [Fsfe-france] IBM countersuit SCO


From: Vincent Caron
Subject: Re: [Fsfe-france] IBM countersuit SCO
Date: Sat, 9 Aug 2003 15:34:49 +0200 (CEST)
User-agent: SquirrelMail/1.4.0

BREESE MAJEROWICZ : Pierre Breese said:
> Tout cela montre deux choses :
> 1 - Comme je l'ai toujours soutenu et écrit, les brevets et le logiciels
> libres ne sont pas antinomiques : des innovations brevetées peuvent être
> exploitées selon le modèle économique du "logiciel libre", et le brevet peut
> même conforter le respect de ce modèle, comme l'illustre l'action engagée
> par IBM.  De la même façon, dans le domaine du médicament, le brevet n'est
> pas antinomique avec le développement des génériques.

Votre leit-motiv consistant à vous réclamer objectif et non idéologue est à la 
fois
amusant et désolant. Il s'agit bien de questions éminament idéologiques, ou plus
précisément politiques puisqu'il s'agit ni plus ni moins du savoir, et le mot 
n'est
pas trop faible, qui appartient au genre humain (en paraphrasant Victor Hugo).

Le logiciel libre n'est pas un modèle économique. C'est un mouvement politique 
(au
sens premier), dont l'expression des idées sur le savoir et sa diffusion est
efficacement résumée dans la licence GPL (je vous laisse réviser vos classiques 
:
http://www.gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html ).

Le choix d'un modèle économique est indépendant dans une large mesure du choix 
de la
licence de diffusion du logiciel. De nombreux acteurs usent d'ailleurs de 
panachage de
licences et de business model (comme SCO, IBM, Suse, etc). Le logiciel libre 
n'a pas
de teinte anti-capitaliste ou anti-entrepreunariale comme vous le sous-entendez 
à
chaque paragraphe. Le LL encourage par contre à ne pas capturer la connaissance 
au
profit de quelques-uns, et propose de capitaliser sur la compétence et 
l'innovation.
Diffusion de la connaissance libre, compétition sur la compétence et 
l'exécution, quel
meilleur terreau pour l'innovation ?

La question n'est pas de savoir si le logiciel libre est 'viable 
économiquement' (ce
qui n'a pas de sens) ou, dans cette discussion précise, si ce modèle de 
diffusion de
la connaissance doit s'imposer face à d'autres. Notre souci est for simple : les
partisans du logiciel libre vont-il pouvoir continuer à diffuser et échanger 
leur code
avec qui veut bien en profiter, sans que le brevet logiciel vienne interférer 
avec
leur choix libre et légal ? Ce n'est pas une opposition fanatique que vous 
rencontrez,
c'est une opposition de citoyens et d'entrepreneurs (160,000 signatures sur 
Petition
Online) qui défend des libertés fondamentales. Nous parlerons éventuellement de 
nos
opinions sur l'éthique du logiciel propriétaire plus tard, mais la question 
n'est
actuellement pas urgente.


> 2 - Il est à mon sens dangereux de présenter de façon manichéenne les deux
> modèles d'exploitation commerciale de logiciels, l'un correspondant au
> modèle industriel "classique" s'appuyant parfois - mais pas nécessairement -
> sur des innovations brevetées, l'autre correspondant à un modèle qualifié de
> libre.

J'espère que les paragraphes précédents vont vous éclairer et vous faire 
réaliser que
votre vision dualiste 'commercial contre libre' est fausse, et ne peut 
qu'empoisonner
le débat. Cette liste est fréquentée par des entrepreneurs, des indépendants et 
de
nombreux salariés qui vivent fort bien du commerce de leurs compétences tout en
produisant du logiciel libre. Et qui innovent très probablement tous les jours, 
en
_s'appuyant_ sur les travaux antérieurs, pas en les craignant par peur de 
'contrefaçon
involontaire'.

Dans le cas où vous auriez encore des doutes, vous pouvez consulter le site de
Démocratie Libérale ( 
http://demlib.com/netlib/netlibre/propri%E9t%E9intellec.htm ),
qui soutient le LL, et que l'on peut difficilement taxer de s'opposer à
l'entrepreunariat, la 'propriété intellectuelle' et l'innovation. Ils ont très 
bien
compris de quelle logique de protectorat relevait le brevet logiciel.


>  Ce modèle économique n'est pas très éloigné de pratiques de dumping, ce qui
> est possible grâce à la contribution technique d'une communauté un peu
> fanatisée (pardonnez moi l'expression). Un dirigeant de MandrakeSoft ne s'en
> est pas caché en expliquant lors de l'introduction en bourse de sa société
> que ses logiciels pouvaient être distribués à des prix inhabituellement
> faible "grâce à la contribution d'un grand nombre de développeurs
> bénévoles".

Le LL n'est pas le 'modèle économique' de MandrakeSoft ou RedHat. Le 
raisonnement que
vous faites sur les génériques commence bien mais finit mal : effectivement il 
existe
des 'biens communs' comme les OS, les suites bureautiques, qui ont été largement
copiés et réimplémentés, et dont en particulier il existe une version 
disponible avec
une licence libre. Mandrake a fait un constat simple : "ces biens communs sont
disponibles gratuitement, ce n'est pas ici que je peux jouer mon atout 
innovation".
Ils ont mis en téléchargement gratuit leur distribution logiciel libre, et on 
vendu
autour des services : une marque assimilable à une notion de qualité et de 
constance,
l'intégration harmonieuse de milliers de LL divers, des améliorations au LL 
existant,
etc. Que les contributions viennent de bénévoles ou de salariats, le travail
d'intégration est réel et coûte cher (plus que Mandrake l'a estimé d'ailleurs, 
vu sa
situation financière). Bob Young, ex-CEO de RedHat, explique très bien 
également où
est l'innovation pour un distributeur de LL (
http://www.oreilly.fr/divers/tribune-libre/fr-ch08.html : lisez-le bien).


> Aujourd'hui, on voit que les sociétés qui se proclament de ce modèle dit
> "libre" se comportent comme n'importe quelle société commerciale : elles
> sont cotés en bourse, détenus par des fonds de pensions de retraités
> californiens, se font des "coups tordus" qui sont d'autant plus choquant
> qu'elles professent par ailleurs un discours "de partage et de libéralisme"
> !

Vous réalisez donc doucement que le LL n'est pas une lubie communiste :). 
Continuez,
nous avons encore quelques préjugés à faire tomber. Relisez votre propre prose (
http://www.breese.fr/guide/htm/Logiciel/main.htm ), vous devriez commencer à 
regretter
d'avoir écrit certains passages, et avoir envie de les corriger.


> Les deux modèles ont leurs vertus et leurs défauts, vouloir imposer l'un
> pour faire disparaître l'autre serait une grave erreur.

Qui vous a parlé d'imposition ? Votre angoisse face au LL est latente, et 
l'ignorance
est moteur de la peur. Nous demandons en premier lieu la légalité et la pratique
réaliste du LL, le brevet logiciel (ou l'EUCD : http://eucd.info) menacent ces
prérogatives, comme vous l'avez très bien démontré  : "une entreprise sérieuse 
doit
faire une étude d'antériorité", et se doter d'une cagnotte pour résister aux 
procès,
vous y voyez la "liberté d'innovation" ? Actuellement le ticket d'entrée pour
l'innovation logicielle est quasi nul, et c'est tant mieux car sinon les LL que 
vous
dites apprécier (Apache et Sendmail sont vos amis) n'auraient pas vu le jour.






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