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[Fsfe-france] Théorie économiques et logicielslibres


From: Jean-Michel POURE
Subject: [Fsfe-france] Théorie économiques et logicielslibres
Date: Tue, 13 May 2003 20:21:52 +0200
User-agent: KMail/1.5

> A mon avis la faiblesse de l'argumentation vient de ce que les
> personnes en faveur des brevets comme instrument de mesure de la
> richesse d'une entreprise considèrent que l'organisme délivrant les
> brevets fournit une expertise technique indépendante et objective qui
> fait office de contrôle de la valeur du travail représenté par le
> brevet.

Il s'agit d'une théorie comptable ou politique, développée a posteriori, 
visant à légaliser les pratiques des brevets. En aucun cas une théorie 
économique (c'est à dire micro-économique).

C'est intéressant, ce qui me permets de vous indiquer les informations 
suivantes :

En micro-économie, les brevets sont largement contestés. Les brevets sont une 
entorse au libre-échangisme, tolérés durant une période de temps limités, à 
la seule condition qu'ils permettent, en "théorie", une accumulation 
capitalistique. Bien entendu, il faut se replonger dans l'ambiance du XIXème 
siècle pour comprendre le positionnement des économistes. A l'heure de 
l'internet et du tour du monde en 500 ms, cela ne tient pas.

L'économie théorique (théorie du libre-échange, théorie de la monnaie, etc...) 
joue un grand rôle dans la définition des stratégies commerciales des Etats 
occidentaux, avec un positionnement identique à la doctrine juridique par 
rapport à la législation. Depuis une vingtaine d'années, l'économie théorique 
fonde les actions des gouvernements partout dans le monde.

Lorsque l'on étudie la proposition de la commission européenne, il y a de 
grosses failles, si importantes pour un économiste que cela sonne trop beau 
pour être vrai. A mon sens, les failles sont les suivantes :

(1) Théorie de la valeur d'usage

Il est partout sous-entendu dans le rapport que GNU/Linux n'aurait aucune 
valeur. A lire le rapport de la Commission Européenne, il n'existerait pas un 
grand nombre d'utilisateurs de GNU/Linux, etc...

En économie, cette approche n'a aucun fondement ! En France, le travail des 
mères au foyer est pris en compte dans le calcul du PIB, parce qu'il est 
considéré qu'elles produisent des services non-commerciaux, dont la valeur de 
toute évidence ... existe. Pour calculer la valeur d'usage d'une mère au 
foyer, on substitue à la mère un salarié, et l'on obtient la valeur 
commerciale du service correspondant.

GNU/Linux est typiquement l'exemple d'un produit à faible valeur commerciale, 
mais à forte valeur d'usage. Cette valeur d'usage est calculable, avec 
beaucoup d'effort, mais en économie, c'est faisable.

En outre, GNU/Linux permet de dégager des capacités d'achat supplémentaires, 
un autre concept de micro-économie. Il évite la constitution de monopoles et 
garantie le bon fonctionnement des marchés, etc...

Bref, la valeur d'usage est probablement de plusieurs centaines de milliards 
d'euros. Rien à voir avec la valeur en bourse des éditeurs RedHat, Mandrake, 
etc... qui sont des liliputiens par rapport à ces chiffres. Même Microsoft ne 
tient pas le choc par rapport à GNU/Linux.

Tout économiste est capable de comprendre celà.

(2) Théorie de l'information

La théorie du libre-échange, plus récente que la théorie de la valeur d'usage, 
repose sur le concept, partout admis que l'information doit circuler 
rapidement, sans entrave et être relativement fiable. C'est d'ailleurs pour 
cette raison qu'il a été créé des gendarmes de la bourse. Vous pensez que les 
media sont libres grâce aux luttes sociales successives. Et bien non, les 
économistes vous expliqueront que c'est une des conditions nécessaires au bon 
fonctionnement des marchés.

(3) Théorie de la monnaie

Pour fixer les cours de la monnaie, il faut une information fiable, sachant 
que la monnaie n'est pas un bien stockable qui doit circuler. En 
micro-écnomie, la monnaie n'est que l'expression d'un solde des échanges, 
donc d'une capacité de production.

En poussant le raisonnement plus loin, certains économistes ont émis 
l'hypothèse que les biens de production, côtés en bourse via des moyens 
électroniques, pourraient remplacer efficacement la monnaie. Personnellement, 
je ne crois pas à cette possibilité.

Toutefois, comment imaginer côter les prix des outils de production ou des 
monnaies en utilisant Window$? A court terme, on peut envisager d'utiliser 
les outils informatiques propriétaires, à long terme c'est impensable.

Cette prérogative est une prérogative de l'Etat, donc de la collectivité. Il 
faut développer la thèse selon laquelle une collectivité est mieux à même de 
fournir des outils informatiques répondant à ses besoins.

(4) Déductions par rapport à GNU/Linux

Or, que nous disent les logiciels libres? Dans notre économie :

- GNU/Linux a une valeur inestimable car il est l'outil de prédilection des 
créateurs d'entreprise. La valeur d'usage de GNU/Linux (ce que l'on en fait) 
est importante, probablement supérieure à celle créée par l'ensemble des 
éditeurs informatiques de par le monde (parce que GNU/Linux permet de dégager 
des capacités d'achat supplémentaires).

- GNU/Linux est bien la seule organisation capable de créer des outils 
informatiques fiables garantissant la liberté d'expression et ainsi de 
garantir l'information des marchés. Certains produits Microsoft sont 
suspectés d'appartenir au réseau Echelon.

(5) Fin provisoire

Bon, avec tout cela j'oublie que je suis nouveau sur la liste de diffusion et 
que quelqu'un travaille déjà certainement à une analyse micro-économique. Si 
c'est la cas merci de me contacter et m'indiquer des références, des 
lectures, des textes de doctrine.

Je lis beaucoup d'analyses juridiques sur les sites opposés aux brevets, 
excellentes par ailleurs.

Mais il faut être conscients que depuis 30 ans ce sont les économistes et les 
marchés qui font la loi. Vous êtes confrontés à une logique de marchés, à 
laquelle il faut répondre par une logique de marchés. Eye for Eye...

Après le congrès du 8 Mai à Bruxelles, je suis rentré directement sur Paris 
après la conférence. Avec l'impression d'un immense gâchi des forces et des 
droits qui sont les vôtres. Pourquoi ne pas avoir invité la presse, les media 
audiovisuels, etc... En outre, pourquoi ne pas vous ouvrir à de nouvelles 
compétences : économistes, démographes, etc...

Notre système capitaliste serait-il menacé de disparition ? Je ne le crois 
pas... Le capitalisme dispose de racines très profondes.

Cordialement,
Jean-Michel






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