[Top][All Lists]
[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]
Re: [Fsfe-france] EUCD synthèse (draft 1)
From: |
Yannick Roehlly |
Subject: |
Re: [Fsfe-france] EUCD synthèse (draft 1) |
Date: |
Fri, 27 Dec 2002 09:09:03 +0100 |
Bonjour tout le monde,
Loïc, voici quelques remarques sur ton documents :
> On peut accorder aux rédacteurs de 1996 le bénéfice de
> l'ignorance.
À mon avis, cette phrase est à reformuler car cela fait passer les
législateurs pour des benêts qui n'ont rien compris à la choucroute.
> Une personne loue un film sur DVD. Elle utilise une copie du
> logiciel DeCSS pour decrypter le film et le regarder sur son
> ordinateur. Or l'EUCD interdit la distribution du logiciel DeCSS,
Dans le cas d'un document écrit, je pense qu'il serait bon d'expliquer
ici ce qu'est le DeCSS et pourquoi il peut être interdit par
l'EUCD. Je pense que l'exemple du DeCSS est emblématique car il montre
le travers de cette loi qui peut rendre répréhensible la simple
« utilisation » de l'oeuvre. De plus, c'est un exemple facilement
compréhensible par un public non-averti.
> Des médias tels que le papier se dégradent mais survivent
> cependant durant des centaines d'années. Les oeuvres digitales sont
> eternelles, [...]
Attention, ce n'est pas sûr du tout. Aujourd'hui, on lit encore des
manuscrits du Moyen-Âge ; pourras-tu lire des CD ou DVD dans 10 ans ?
20 ans ?
Je pense que cette évolution des média (au sens support) est
d'ailleurs un argument de notre côté. Les bibliothèques qui achètent
des CD ou des DVD aujourd'hui auront besoin un jour de transférer leur
contenu sur d'autres média pour suivre le progrès technique et
continuer à avoir accès à leurs archives.
En plus de l'évolution des média, et pour compléter ce que j'ai dit
ci-dessus, je crois que les supports numériques sont beaucoup moins
pérennes que le papier. En effet, sur une page imprimée ou manuscrite,
si l'encre se dégrade tu peux toujours lire ce qui est écrit. Sur un
support numérique, l'information est beaucoup plus concentrée et
fragile (malgré des techniques de redondance sur les CD je crois -
redondance qui - là encore je ne suis pas sûr - est modifiée sur
certains disques pour empêcher leur lecture sur un ordinateur).
> "Pour être efficace, la protection des contenus dans un dispositif
> de consommation en réseau exige une identification univoque de la part
[...]
> d'adopter des comportements en comparaison desquels 1984 ressemblerait
> à un club de loisirs." -- Leonardo Chiariglione, Octobre 2001
Quel est ici le rapport avec l'EUCD ? C'est un problème de DRM
généralisé. Je vois ça comme une dérive possible des pratiques
découlant de l'EUCD, pas une conséquence directe de celui-ci.
> . Atteinte au droit de divulguer le logiciel que l'on crée
>
> Un auteur a le droit de divulguer son oeuvre. Dans le cas du
> logiciel ce droit moral inaliénable ne souffre pas d'exception. L'EUCD
> rend illicite la divulgation de certains logiciels.
Il s'agit là d'une limitation du droit d'expression. Or, il faut
rappeler que le droit d'expression est déjà limité par la loi
française : propos racistes, incitation à la violence, apologie de
crimes de guerres...
Il serait peut-être bon de montrer ici que l'on assimile la
divulgation du DeCSS à ces types de propos haineux qui justifient une
limitation de la liberté d'expression.
> . Met en danger l'économie
>
> Un économie compétitive dépend de la possibilité pour le consomateur
> ou pour l'entreprise de remplacer le produit d'une entreprise par
> celui d'une autre. Pour des biens de consomation simples tels qu'un
> bol ou une chaise, c'est à l'évidence possible. Pour des biens
> digitaux pour lesquels il existe une serrure cryptographique (une
> mesure technique de protection) cela peut s'avérer
> impossible. L'article 6 de l'EUCD empêche les entreprises de pratiquer
> le reverse engineering qui leur permettrait de créer et diffuser des
> produits concurrents, car le reverse engineering implique toujours un
> contournement de mesure technique. Par conséquent les entreprises
> peuvent se servir de l'EUCD pour empêcher d'autre entreprises de créer
> des produits compatibles ou susceptibles de se substituer aux leurs.
Mettre en parallèle l'EUCD et la brevetabilité des logiciels, à moins
que cela n'apporte de la confusion au propos.
En quoi l'ingénierie inverse impose-t-elle de contourner une mesure de
protection ?
> . Menace l'interopérabilité
>
> Prenons un serveur de jeux video sur internet. Les utilisateurs se
> connectent au serveur avec un logiciel client afin de jouer
> ensemble. Le serveur vérifie le numéro de série du logiciel client
> lorsqu'il se connecte: c'est une mesure technique de protection de
> l'ensemble logiciel et données graphiques du client. La société
> Blizzard exploite le serveur et publie le client. Un serveur
> concurrent est créé, compatible (interopérable) avec le client publié
> par Blizzard. Ce serveur, exploité et publié par bnetd.org ne contient
> pas la mesure technique de protection. Il permet donc un contournement
> de la mesure technique de protection constituée par le couple
> client/serveur de Blizzard.
Il faut insister sur le fait que le serveur de bnetd n'a pas été
attaqué en temps que tel mais parce que ne disposant pas du système de
vérification de numéro de série, un client piraté pouvait s'y
connecter pour jouer en ligne.
Ainsi le logiciel (serveur) est interdit non pas parce que le
développeur a contourné un système de protection pour le concevoir,
non par pour une utilisation frauduleuse potentielle du-dit serveur,
mais pour une utilisation frauduleuse potentielle d'un tiers qui
viendrait se connecter au serveur.
Mes 2¢,
Yannick
--
They who would give up an essential liberty for temporary security,
deserve neither liberty or security
Benjamin Franklin
Re: [Fsfe-france] EUCD synthèse (draft 1), Alexandre Dulaunoy, 2002/12/27
[Fsfe-france] RE: EUCD synthèse (draft 1), Cyril Rojinsky, 2002/12/27