Mon avis (c'etait Re: [Fsfe-france] Re: Voter pour prot éger le Logiciel Libre)

[Philippe Coulonges]

Le Vendredi 3 Mai 2002 19:48, Pejvan BEIGUI a écrit :
>
> Une autre bonne raison de ne pas laisser arriver les fascisants au pouvoir,
> c'est qu'il disposerait alors de la formidable capacité des logiciels
> libres, et ne pourraient sans doute pas être espionnés/contrôlés comme ils
> auraient pu l'être grâce aux alliés MS et leurs backdoors.

Faux. Ils disposeraient comme tout le monde des logiciels libres existants. 
Mais c'est insuffisant. Comme de disposer des chemins de fer n'a pas permis à 
Hitler de contrôler la France.

Les logiciels libres amputées de leur liberté ne seraient vite que l'ombre 
d'eux-même. Les suppots d'un régime totalitaire (quel qu'il soit) n'ont pas 
le mode d'emploi. Seule la liberté sait générer notre bazaar.

Et puis j'aurais confiance dans nos cheminots, euh, nos sysadmins.

Bon, ça c'est pour le côté TRÈS pessimiste. En vrai, il faut surtout faire la 
différence entre Le Pen (un vrai facho) et ceux qui le suivent, qui la 
plupart du temps n'ont pas une vision politique très claire et voient surtout 
qu'on a beau être con, on sent bien quand ça fait mal.

Cet électorat là n'en a rien à foutre du LL. Ce qui l'interresse, c'est du 
trouver quelqu'un qui "dise tout haut ce qu'ils pensent tout bas". Et ce 
qu'ils pensent, ce n'est pas spécialement raciste, ni xénophobe (du moins 
avant l'embrigadement FN). Ce qu'ils pensent surtout, c'est qu'ils en chient 
et que les politiques ne font rien pour eux. C'est que, s'ils en ont 
l'occasion, ils leur en feront chier pour le compte.

C'est pour cela qu'ils sont passés de Marchais à Le Pen. Je les ai connus 
alors. Quand la moitié de la France se bidonnait sur un clown qui défendait 
encore Staline, les millions de morts, ils s'en foutaient, la seule chose qui 
les interessait, c'était les bons mots, foutre le bordel, pouvoir se dire 
entre amis : "Qu'est-ce qu'il leur a mis".

Tant que vous ne comprendrez pas cela, vous ne comprendrez pas la menace. La 
menace n'est pas dans les urnes, elle est dans la rue. Elle est plus dans 
l'alliance d'intérêt entre le FN et LO que dans les affaires de Chirac.

Les hommes politiques, à ce stade, se définissent moins par leurs motivations 
ou leurs ambitions que par leur capacité à se laisser instrumenter par les 
désirs populaires. La campagne anti-lepen a peut-être servie à décider la 
gauche à voter Chirac, mais elle n'a en rien entamée le vote FN, ni la 
révolte sous-jacente.

Les décisions de la FSFE ou APRIL n'ont aucun intérêt en terme électoral. 
Leur seule utilité serait pour négocier avec le futur gouvernement. Mais la 
France n'est pas en train de choisir entre Chirac et Le Pen, elle est en 
train de choisir entre la rue et les urnes. Et je n'ai aucune idée d'où elle 
portera son choix. 

Le Pen ne sera pas élu. Mais le score de Chirac ne sera pas à sa gloire, quel 
qu'il soit. Trop faible, il sera celui qui a failli à l'alliance 
républicaine, trop fort, il sera un président sans majorité, élu contre son 
adversaire. Dans tous les cas, de nombreux français viendront lui demander 
des comptes.

Les semaines qui nous séparent des législatives, celles qui suivront, seront 
lourdes de menaces. Pas contre le LL, mais pour l'avenir du pays. Le 
mouvement du LL doit comprendre cela pour déterminer sa position aujourd'hui. 
Alors je vois d'ici les trolleurs qui m'expliqueront que ce message est trop 
politique, ne concerne pas directement notre sujet de prédilection. C'est 
faux. Relisez-le et vous verrez que mon message est largement apolitique, 
il ne prend pas parti. Il est essentiellement politique, il s'occupe, 
s'inquiète, s'interroge sur les choses de la cité. Le LL n'est pas différent 
des autres sujets de préoccupation des français. Nous avons aussi nos 
craintes face à des politicards qui "mettent la France en coupe réglée" pour 
citer "la bête immonde". La discussion, le débat sur ces questions est aussi 
de notre devoir. Mon message n'est pas partisan, mais j'ai trop lu de 
messages infantiles ces derniers jours pour ne pas choisir de participer 
ouvertement à mon tour, appeler à une reflexion de sang froid, pour que nous 
ne jetions pas aux orties les quelques valeurs qui nous rassemblent.

Contre Le Pen (l'homme) dans un premier temps, pour un changement réformateur 
dans un deuxième temps. Et un changement qui ne soit pas issu d'une peur ou 
d'une diabolisation qui ne feraient que servir les extrèmes.

Je me prononce pour les libertés, mieux, pour les lumières et l'humanisme. Je 
n'ai encore rien rencontré de mieux. Je ne pense pas qu'aucun des candidats 
ne soit porteur de ces valeurs. En fait, je crains que bien peu des candidats 
du premier tour ne les ai porté.

Cela me semble être des valeurs bien plus sûres que la "carte électorale" où 
les partis en place tenteront de situer les places fortes, les 
circonscriptions à risques, etc..., et ce faisant, contribueront à 
l'enterrement de première classe des institutions qu'ils sont sensés défendre.

Merci de votre attention, et désolé d'avoir été apolitiment incorrect.

A+
CPHIL

-- 
Plus mon cigare raccourcit, plus je dois tendre le bras vers le cendrier.
Un patron aussi a ses soucis.
        -- P. Geluck